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Micro pour réaliser une interview dans la presse au Gabon

La liberté de la presse au Gabon

L’émergence d’un paysage médiatique libre et indépendant au Gabon est encore imparfait. Notamment, en raison des lourdes sanctions imposées par l’organe de régulation du pays. Un combat mené depuis de nombreuses années par de nombreux journalistes pour obtenir une liberté d’expression intégrale afin d’informer la population locale et éviter toute désinformation massivement présente dans les médias.

Liberté de la presse au Gabon

L’avènement de la presse au Gabon

Depuis les années 1990, la pluralité du système politique gabonais s’accompagne de la création de nombreux médias. Aujourd’hui, la presse gabonaise compte près de 60 journaux. En 2022, le rapport publié par Reporters sans frontières (RSF) révèle que le Gabon gagne 12 places au classement sur la liberté de la presse.

Le pays se place désormais à la 105e place sur 180. Ce dernier met fin aux peines privatives de liberté pour des délits de presse. Cette peine s’applique également aux productions audiovisuelles, numériques et cinématographiques. Malgré ça, les journalistes gabonais continuent de faire l’objet de menaces, notamment par de nombreuses convocations des services de sécurité.

« La culture d’une presse libre et indépendante peine à s’établir, y compris en ligne. L’influence du régime s’exerce à tous les niveaux et contribue à l’autocensure. »

Le panorama des médias au Gabon

Radio

La radio est le média le plus répandu au Gabon. Il compte une cinquantaine de stations privées, en plus des publics. En outre, la couverture géographique du territoire national par la radio est supérieure à celle de tous les autres médias. En effet, 57 % des gabonais âgés de 15 ans l’écoutent chaque jour, pour une durée moyenne de 1 h 39. Dans le contexte gabonais, la radio est le média le plus diversifié. Le régime de monopole touche la radio jusqu’en 1991. Aujourd’hui, si la polarisation politique n’épargne pas ce vecteur, il est le média qui propose la plus grande diversité de contenus.

Les ondes gabonaises diffusent essentiellement en français.

Les radios de petites tailles, particulièrement celles qui sont communautaires, sont fragilisées par l’absence de protection des organes de régulation. Ces dernières revendiquent le fait de représenter des populations généralement marginalisées par les médias. Les programmes sont le plus souvent relayés en langue locale. Cependant, l’absence de statut spécifique dans le Code de la communication les amène à adopter un comportement de radio commerciale.

Télévision

À ce jour, le Gabon comptabilise plus d’une vingtaine de chaînes de télévision. La télévision est accessible à tous, sur l’ensemble du territoire. 95 % des Gabonais regardent la télévision au quotidien pour une durée moyenne de 4 h 10.

Elles diffusent essentiellement en français. Seul le réseau provincial de Gabon Télévision propose des programmes d’information en langues régionales comme le fang, le ghisir, le indzebi, le ikota, le lembama, le miennè, le téké et le yipunu. Les chaînes internationales sont préférées aux nationales. 91 % du temps d’audience des populations gabonaises est consacré aux chaînes internationales, notamment en matière de divertissement.

Les contenus couverts par les médias audiovisuels gabonais sont peu diversifiés. Dans leur ensemble, les médias audiovisuels publics ou privés accordent une large place à l’information, même si les grandes chaînes privées diversifient leurs grilles de diffusion avec des programmes d’éducation et de divertissement.

Presse écrite

La presse écrite gabonaise, exclusivement urbaine, est vulnérable face aux contextes politiques et économiques. Il constitue un vecteur d’information urbain et les titres de presse sont essentiellement présents dans la capitale, Libreville.

Le Gabon compte plus de 80 périodiques. Les articles qui critiquent et discréditent les institutions ou les autorités publiques entraînent régulièrement des suspensions de publication par décision de la Haute Autorité de la communication (HAC). Cette dernière remplace le Conseil National de la communication dissout en 2018. Selon de nombreux journalistes locaux, l’HAC est un outil extrême en matière de sanction dans le but de « servir les intérêts du pouvoir et empêcher toutes critiques légitimes sur des sujets d’intérêt général ».

Les menaces contre la « paix sociale » ou « l’unité nationale » sont souvent les arguments annoncés par l’HAC pour justifier une suspension de journal.

Ces dynamiques engendrent une défiance globale de la population envers la presse écrite. Le positionnement politique de chaque journal est revendiqué et connu par la population. La situation économique du pays ne permet pas un soutien continu à la presse écrite. Une des conséquences est la grande variation du niveau de développement technologique d’un média à un autre.

Presse numérique

Si la presse numérique est en plein essor et est, selon RSF, « très lue », la majorité des sites informatifs gabonais se créent dans un cadre assez informel.

La presse numérique gabonaise connaît actuellement une croissance importante. Celle-ci répond à une double sollicitation. La première émane des journalistes eux-mêmes, qui cherchent dans la toile un nouvel espace d’expression, libre de toute censure, alors que la seconde provient directement des lecteurs et de leur moyen d’accès.

La population gabonaise (notamment les jeunes) trouve dans la presse numérique un moyen d’accéder à l’information rapidement et gratuitement via leur smartphone.

Le classement de Reporters sans frontières (RSF)

Selon l’ONG, les indicateurs permettent de définir la liberté de la presse comme : « la possibilité effective pour les journalistes, en tant qu’individus et en tant que collectifs, de produire et diffuser des informations dans l’intérêt général, indépendamment des interférences politiques, économiques, légales et sociales, et sans menaces pour leur sécurité physique et mentale. »

En 2022, RSF note qu’aucun journaliste ou collaborateur de média n’a perdu la vie ou serait incarcéré en prison. En revanche, les suspensions arbitraires de médias se sont multipliées ces dernières années.

Néanmoins, on remarque que le pays a gagné 12 places dans le classement de l’ONG.

Même si le classement RSF n’a aucune valeur juridique, il permet de s’interroger sur le secteur de la presse et donc d’identifier précisément le régime politique appliqué par le pays.

Régulation et cadre légale de la presse au Gabon

La liberté d’expression, le droit à l’information, l’indépendance éditoriale et le droit des journalistes à protéger leurs sources sont garantis par les lois gabonaises. La Constitution garantit la liberté de conscience, de pensée, d’opinion, d’expression et de communication et promet le droit à l’information des citoyens.

De plus, en janvier 1983, le Gabon fait le choix de ratifier le Pacte international des droits civils et politiques qui garantit, entre autres, la liberté de la presse et la protection des journalistes.

Les lois gabonaises, volontairement confuses, servent à limiter la liberté des médias. Le code de la communication, faisant office de référence en la matière, reste imprécis, sujet à l’interprétation et donc susceptible d’être utilisé pour limiter les libertés des médias.

Le statut de journaliste est également fragilisé par les lois. Les journalistes gabonais n’ont, par exemple, pas le droit d’utiliser un pseudonyme afin de conserver leur anonymat. Cela sert à les dissuader d’écrire des articles critiques.

Cependant, le contrôle des médias par le gouvernement n’est pas férocement dénoncé par la population. Certains journalistes tentent de s’opposer à cette censure en créant de nouveaux journaux ou en fuyant à l’étranger. Mais la majorité de la population gabonaise affiche plutôt un sentiment de lassitude et de passivité face à ces restrictions. Elle préfère se tourner vers d’autres vecteurs d’information, comme les réseaux sociaux.

Le régime parvient à imposer un niveau assez élevé d’autocensure des médias en ayant recours à l’intimidation. Les arrestations arbitraires de journalistes existent encore même si elles se font rares. Cependant, les convocations de journalistes ou de rédacteurs en chef par les services de sécurité restent fréquentes. Cela permet de maintenir une pression sur ces journalistes.

Si vous voulez découvrir un nouveau paysage médiatique, vous pouvez vous rediriger vers la liberté de la presse au Burkina Faso.

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