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Au Sahel, la presse muselée

La liberté de la presse au Sahel se transforme en fiction. Ondes coupées, disparitions, assassinats, la loi du silence domine la vie des journalistes.

La liberté de presse au Sahel.

Du Mali au Tchad, en passant par le Niger et le Burkina Faso, les journalistes redoublent de prudence. Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) et le groupe d’État Islamique au Sahel (EIS) sont leurs principaux adversaires. En outre, les juntes imposent des règles très strictes quand il ne s’agit pas de censures pures et simples. Les reporters doivent obligatoirement s’acquitter d’une accréditation, une formalité qui prend beaucoup de temps et demeure insuffisante. Plusieurs zones leur restent interdites sous peine de représailles, voire de mort dans la pire des éventualités.

Les fake-news compliquent davantage le combat des journalistes pour le maintien de leur profession. Elles sont en hausse depuis la présence de Wagner. L’utilisation massive des réseaux sociaux augmente la diffusion des informations vraies comme fausses et contribue à décrédibiliser le travail des reporters.

La peur et les menaces pèsent sur les journalistes comme sur les populations. Les sabotages sont légion. Entre 2020 et 2022, les terroristes détruisent plusieurs structures téléphoniques au Burkina Faso, laissant les informations se perdre dans un épais brouillard d’ignorance.

Une décennie sous le signe de la peur

Au Sahel, 2013 ouvre le bal des horreurs avec les meurtres des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal. La série se poursuit avec la mort de deux autres journalistes espagnols en 2021. Les disparitions de Birama Touré en 2016, Hammadoun Nialibouly en 2020, Moussa Bana Dicko en 2021, Sory Koné en 2023 allongent encore la liste. D’autres personnes comme Olivier Dubois, enlevé en 2021 et Aliou Touré, disparu en 2023, connaissent un destin moins tragique, et sont libérés respectivement 711 et 4 jours plus tard.

Peu après la libération du journaliste Aliou Touré en 2023, le Président de la Maison de la Presse du Mali, Bandiougou Danté, interpelle les plus hautes autorités de l’État sur leur rôle et leur réactivité face au musellement et aux dangers encourus. Il demande une meilleure protection des journalistes, la reconnaissance de leur rôle dans la situation actuelle, et des sanctions contre les responsables.

Afin de continuer à exercer à moindre risque, les journalistes doivent veiller à ce que rien ne s’oppose au gouvernement. Ce qui implique l’utilisation de l’autocensure. Ils sont tenus de protéger les sources à tout prix. En 2020, un éleveur malien est assassiné peu après son interview.

L’espoir de meilleures conditions pour le journalisme diminue face à tous ces évènements. Progressivement, le Sahel devient « la plus grande zone de non-information en Afrique ».

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