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La liberté de presse au Mali

La liberté de la presse au Mali

Il existe plus de 1000 médias au Mali. Mais ces dernières années, une bonne partie des journaux, radios et télévisions font face à d’énormes défis économiques. De plus, la liberté de la presse est menacée suite aux nombreuses crises sécuritaires au sein du pays et de l’ensemble du Sahel. Les journalistes peuvent se sentir en danger dans l’exercice de leur métier et les médias font face à une forme de censure.

La liberté de presse au Mali.

Le panorama des médias

Radio

Comme dans une grande majorité des pays d’Afrique, la radio reste le moyen d’information essentiel de la population malienne. Le Mali compte un nombre élevé de stations de radios. Il existe environ 150 radios privées, associatives ou communautaires accessible sur la bande FM.

Au Mali, les principales raisons qui poussent les habitants à écouter la radio sont pour : s’informer, se distraire, réunir la famille ou encore pour écouter de la musique. Une écoute de la radio qui a lieu particulièrement entre 10 et 11 heures ou entre 20 et 21 heures. Parmi les chaînes les plus écoutées, nous retrouvons : Radio Mali, Radio Klédu suivi de Chaîne 2 et Radio France International. Des ondes maliennes qui diffusent principalement en français, la langue la plus parlée au sein du pays.

Télévision

Bien que la radio soit le média le plus répandu et populaire au Mali, la télévision gagne du terrain. Dans les huit chefs-lieux régionaux on trouve davantage de personnes qui possèdent un téléviseur (77,1%) qu’un poste de radio (72%) à domicile.

L’ORTM est la société publique de télévision et de radio du Mali. La chaîne panafricaine Africable a aussi son siège à Bamako. Cependant, elle ne vise pas que le public malien mais aussi les pays voisins. Seulement 18 % de la population la déclare comme leur chaîne favorite. 

Presse écrite

La lecture des journaux est un moyen de s’informer au Mali plutôt masculin. La presse se lit principalement au sein des classes éduquées et seulement dans les zones urbaines du pays.

En termes de journal de service public, L’Essor est le plus connu et le plus consulté à travers le pays. Il est le plus attrayant d’après la population et est un bon moyen de s’informer sur la position du gouvernement quant à la situation politique actuelle. 

La situation actuelle de la presse au Mali

Au Mali, la chaîne de télévision Joliba TV s’interrompt pour deux mois par la Haute Autorité de la communication (HAC). Elle l’inculpe d’avoir commis « des manquements et violations graves et répétés aux dispositions substantielles du Code de déontologie du journaliste au Mali. »

L’organe de régulation du secteur de la communication prend cette décision. La chaîne de télévision tient selon-eux des « propos diffamatoires et des accusations infondées » contre la HAC elle-même et les autorités de la transition.

Les problèmes de Joliba TV avec le régime commence fin avril 2022. Elle débute après la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de France 24 et de Radio France internationale (RFI) au Mali. « Des médias français qui sont sanctionnés pour avoir diffusés des sujets faisant état d’exactions présumées de l’armée malienne et des mercenaires du groupe de sécurité privée russe Wagner contre des civils dans le centre du pays. » Un travail qui d’après la HAC porte « atteinte à la défense et à la sécurité » et « met en péril la concorde et l’unité nationale ». 

La chute du Mali dans le classement RSF

Les journalistes sont touchés et fragilisés par la situation politique et le durcissement de la junte au pouvoir depuis 2020. En effet, le Mali occupe en 2021 la 99e place au sein du classement établi par Reporters Sans Frontières (RSF) avant de passer à la 111e position en 2022 sur 180. Il y a une culture de l’autocensure qui se met en place depuis plusieurs mois. Une censure autour des sujets qui touchent à l’armée, la politique ou encore aux autorités en transition. 

« La liberté d’expression est en danger, la démocratie avec. Nous sommes dans la dictature de la pensée unique. »

Reporters sans Frontières, à travers les déclarations du chef du bureau des investigations en Afrique Arnaud Froger, estime que la suspension porte un « nouveau coup à l’indépendance et à la liberté de l’information au Mali. Cette décision sanctionne des médias internationaux, mais elle constitue aussi une attaque contre le Mali et les Maliens eux-mêmes. Les journalistes et médias actuels dans le pays vont avoir peur de s’attaquer à des sujets sensibles et les populations vont être privées d’informations essentielles. » 

Les conflits en tout genre entravent la liberté de la presse notamment dans le nord et le centre du Mali. Les attaques socioculturelles envers la presse basées sur des critères de genre, de classe ou d’ethnie existent. Ces contraintes engendrent une autocensure grandissante dans les médias maliens. 

Plus tôt dans l’année, Human Rights Watch documente comment les responsables maliens ont arrêté et persécuté des opposants ou des détracteurs présumés du gouvernement de transformation et refoulent les médias étrangers. 

Ces récents incidents démontrent que les violations de la liberté ne diminuent pas. Au lieu de réprimer les critiques et harceler les professionnels des médias, les autorités maliennes doivent promouvoir le dialogue public et la liberté d’expression, éléments essentiels d’une transition crédible vers la démocratie.

Les organes de régulation des médias dans le pays

Depuis la Constitution de la IIIe République en 1992 au Mali, la liberté de la presse est garantie. Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi. Ce sont deux organes de régulation qui régulent les informations diffusées à travers l’ensemble des médias. 

Le CNEAME (Comité National de l’Égal Accès aux Média d’État) « veille à l’équilibre et au pluralisme de l’information et tient compte des différentes sensibilités politiques, économiques, sociales et culturelles du pays ». Un organe qui gère également la gestion du temps d’antenne et de l’espace rédactionnel consacrés aux candidats et aux formations politiques pendant les campagnes électorales à travers le pays. 

En cas de manquement de la part d’un média, le CNEAME peut prendre des sanctions de quatre ordres : l’avertissement, la mise en demeure, la rectification de tout ou d’une partie d’un article, et la suspension d’un média complet. 

Le deuxième organe est le CSC (Conseil Supérieur de la Communication). Il intervient sur plusieurs domaines tels que : 

– Définir les conditions de production en matière de communication écrite et audiovisuelle qui porte sur la garantie de la liberté de communication.

– Attribuer et retirer les fréquences aux stations de radiodiffusion et de télévision.

– Favoriser l’intégration culturelle, la valorisation et la pleine diffusion des langues nationales.

– Proposer des aides aux média.

Conclusion

La liberté de la presse est une quête sans fin dans le monde entier. Le métier de journaliste reste encore au Mali soumis à de nombreuses menaces. Aujourd’hui, si le Mali occupe la 111e place du classement RSF ce n’est pas un hasard. Ce mauvais classement est en grande partie dû à l’insécurité constante, l’accès difficile à l’information et aux nombreuses intimidations subies par les porte-paroles du pays. 

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